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Douminiman - El Bahr Darweesh (Egypte)

 

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Abdu m'a montré ses cicatrices profondes, visibles sur son corps, puis chaque marque prononcée sur sa main, sur ses bras en expliquant quel animal l'a mordu, quel poisson l'a piqué ou électrifié. Il raconte ensuite comment il tuait à coup de bâton les requins énormes en frappant sur leur tête et sur les branchies et le grognement étrange qui sortait de leur corps pendant leur agonie, il m'a également montré les filets de pêche espagnols appelés trémails qui détruisent tout sur leur passage ne respectant ni les petits ni les gros poissons, tout est ramassé, même les algues, enfin il m'a donné le nom des vents en m'expliquant l'importance qu'ils jouent dans la vie des marins...
Il m'a décrit la mer, les vagues, le coucher du soleil, la plage, comme s'il peignait un tableau...
Abdu est un poète, un sentimental.

Que la police marocaine ou les RG du gouverneur ne se prennent pas la tête à mener une enquête ou des investigations, à la recherche d'Abdu pour l'accuser de trafic de contrebande ou prostitution ou je ne sais quoi encore, il n'existe pas, je l'ai inventé, il est dans ma tête... J'ai complètement inventé cette histoire, c'est un roman. On ne pourrait imaginer qu'un jeune marocain puisse avoir une vie aussi difficile, sa Majesté ne le permettrait pas...

Contrebande et Clandestins

Lorsqu'il y avait mauvais temps, la tempête empêchait une bonne pêche, donc, on ne sortait pas. Par contre, pendant la nuit, les pateras (barques) sortaient discrètement pour éviter les gardes-côtes. Jour de mauvaise mer, pas de gardes en principe ! Les jeunes marins acceptaient de sortir les pateras de nuit par tempête car ils étaient bien mieux payés que le jour lorsqu'ils faisaient la simple pêche. Bien sûr, ce qui se passait la nuit était complètement illégal et dangereux. Soit, transport de clandestins, soit échange de drogue marocaine, chirra (hashish) contre des produits de contrebande espagnols. En fait, c'est bêtement en discutant avec les marins, pendant la pêche, que j'ai appris les activités du mari de ma tante qui gagnait alors beaucoup d'argent. Finalement, à être là, à faire le marin, moi aussi je voulais gagner plus d'argent mais je ne voulais pas faire le transport des clandestins. J'en parlais au mari de ma tante qui a été très embêté que je sois au courant. Il a bien été obligé d'accepter que je participe au transport de la contrebande. Je touchais 2% sur les échanges de vin, cigarettes... J'ai fait ça à peu près 6 mois, je crois.

Abdu, Trafiquant de la nuit

Pour le transport de la contrebande, on partait à deux au milieu de la tempête avec la chirra, et on devait se diriger à un endroit précis loin des côtes. Tout à coup un zodiac espagnol très puissant avec deux gros moteurs surgissait dans la nuit, venant des iles canaries. L'échange se faisait sans parler, juste le mot de passe. Ils étaient toujours armés de kalachnikov. La contre-bande à bord était dans un filet attaché à une corde, pour la jeter à l'eau si jamais on voyait les gardes.

Un jour, j'ai appris par un ami de la patera qu'il y avait eu un grave accident avec une des barques qui s'était retournée pendant le transport des clandestins. 20 personnes étaient dans la barque partie de Safi en pleine tempête. Elle a coulé au large de Oualidia. Les clandestins payaient très cher pour être amenés, 5000 DH au minimum et ça pouvait doubler ou tripler selon les gens. Une patera qui doit contenir trois personnes d'après le règlement maritime, en contenait entre 20 à 25 la nuit et par mauvais temps. Un marin derrière, tenait le moteur, un marin devant ou quelquefois un des clandestins, restait devant pour surveiller au loin. Les autres devaient être enfoncés et cachés dans le fond pour le cas où des gardes surgiraient. Lorsque la patera arrivait vers les côtes espagnoles, chacun devait aller en nageant jusqu'à la rive et devait se débrouiller tout seul. Soit ils étaient repris et ramenés au Maroc après être passés entre les mains de la police espagnole musclée, soit ils finissaient dans les champs de patates pour se faire exploiter par les espagnols, même avec de grands diplômes.

Bien sûr, lorsqu'une patera coulait, elle était remplacée immédiatement. Les petits patrons pêcheurs qui font ces trafics tout le long des côtes marocaines de l'océan et de la Méditerranée obéissent à un grand patron qui vit tranquillement à Al Hoceima, un port marocain sur la Méditerranée, face à l'Espagne. Beaucoup de gens importants sont au courant et touchent le bakchich.

Tout ceci n'est que pure fiction bien sûr, ne pas prendre tout ça au sérieux, ça n'existe pas. Si c'était vrai, il est bien entendu que la police et le royaume tout entier auraient fait arrêter les gros patrons d'une telle organisation...

L'an dernier, lors d'une sortie de la patera au large de Safi, pour un échange de kif contre alcool et autres produits, on était deux marins comme d'habitude, Khaled et moi. Le zodiak est arrivé, mot de passe, et transfert de la marchandise sur la patera, mais cette nuit là, elle était vraiment trop lourde. Les espagnols nous ont aidé à l'équilibrer le mieux possible sur la barque et ils sont partis. On était complètement déséquilibré avec la tempête. Il y avait d'énormes vagues et un mauvais vent du sud. Près du rivage, la patera s'est renversée et a coulé. On a regagné la rive je sais pas comment car je ne sais pas nager comme beaucoup de marins. Khaled a pris la décision d'aller à la police pour dire que la barque avait coulé pendant une pêche de nuit, moi, dans le commissariat, je n'ai rien dit. Le matin, les restes de la patera et de la contrebande ont été retrouvés, échoués tout le long de la plage. Comme la barque était numérotée, le mari de ma tante a été arrêté et son affaire de pêche a été suspendue. Le grand patron ne l'a même pas défendu et il est en prison.

Retour à Marakech

Retour à Marakech. Comme je n'avais plus de travail, je suis revenu dans ma ville natale. Ma fiancée avait changé. On a fait beaucoup l'amour et elle m'a appris pleins de choses. Elle était devenu une cochonne. Elle savait des choses sur l'amour qu'elle ne savait pas avant. Comme j'étais sûr qu'elle avait dû aller avec d'autres hommes pour savoir tout ça, je l'ai laissée tomber et je ne lui parle plus.

Place Jemaa el Fna et la Koutoubia de nuit : Magnifique !

J'allais sur la place Jemaa el Fna et un ami m'a appris comment draguer les touristes. La première fois, un homme m'a dragué, Joël. Il habitait à Marakech, c'était un homme riche. Il louait les chambres de sa grande villa aux touristes occidentaux ou saoudiens pour qu'ils puissent ramener tranquillement les femmes prostituées ou les jeunes. Il m'a amené dans sa villa, on a bu du whisky, il m'a fait fumer des cigares, on a beaucoup discuté. C'est là qu'il m'a parlé de son affaire de tourisme sexuel. A la fin, il m'a donné 300 DH sans rien demander.

une villa parmi tant d'autres dans la palmeraie

Il y a eu à Marakech un scandale. Un homme riche suisse qui a encore sa grande villa dans la palmeraie a violé un petit enfant et l'a payé. Ses parent ont porté plainte. Finalement, le bakchich est passé par là, mais le suisse a dû quitter le pays.
En tout cas, la villa est toujours habitée.

Une villa parmi tant d'autres dans la palmeraie

Moi, j'ai fait 3 mois de prison pour vol d'appareil photo et j'étais un enfant !

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